Première
esquisse

Afin de nous sortir du cadre scolaire et de nous familiariser avec des conditions de conception et réalisation réelles d’interfaces, le TFA exige de nous – étudiant(e)s à la Haute École Albert Jacquard dans l’option Design Web Transmédia – d’aller à la rencontre d’utilisateurs et d’imaginer des solutions à leurs besoins.

Autant de sujets qui sont une réelle source de préoccupations pour les belges ces dernières années.

Jeunes adultes
(18 ans à 29 ans)

2018 2023

Symptômes d'anxiété

Symptômes de dépression

— Sciensano, étude Belhealth publiée le 9 février 2023.

La santé mentale
des étudiants

Très vite, j’en suis venue au sujet de la santé mentale des étudiants : premièrement parce que c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup — travailler dessus serait donc une bonne source de motivation — et ensuite parce que c’est un sujet qui peut encore rester tabou — même si cela se déstigmatise petit à petit —, sur lequel on manque parfois d’informations ou d’accès à cette information ou d’aide.

Des rencontres

Pour me renseigner sur les besoins de mes utilisateurs, j’ai tout d’abord préparé mes futures interviews en établissant un guide d’entretien.

Je ne l’ai évidemment pas suivi à la lettre. En fonction des réponses de mon interlocuteur, j’ai parfois dû reformuler mes questions ou approfondir plus certains points que d’autres. Au fil des rencontres, j'ai progressivement étoffé ce questionnaire et recontacté certains utilisateurs pour aborder quelques aspects supplémentaires.

Appel à témoignages

Pour trouver des utilisateurs, j’ai premièrement contacté quelques connaissances que je pensais concernées par le sujet et j’ai ensuite diffusé sur les réseaux sociaux un message proposant de venir discuter de santé mentale avec moi.

story instagram où j'invite les gens à venir parler de santé mentale avec moi

L’anonymat pour un sujet personnel

Essayant d’avoir plus de réponses, j’ai décidé de créer un questionnaire en ligne que j’ai diffusé sur Facebook principalement dans différents groupes d’étudiants.

Ce n’est pas le meilleur moyen de discussion pour vraiment discerner les problèmes de mes utilisateurs mais je trouvais plutôt approprié de proposer une alternative totalement anonyme étant donné le thème plutôt personnel et délicat de ma recherche.

J’avais peur qu’à la vue de toutes les questions ouvertes que nécessite un domaine comme celui de la santé mentale, les gens fuient et referment le google forms. Mais j'ai été agréablement surprise par les 5 participants qui, dans l'ensemble, ont fourni des réponses allant au-delà d'un simple oui ou non.

« J’ai cherché des informations sur les plannings familiaux proches de chez moi mais je trouvais les informations peu claires et il fallait d’office téléphoner pour avoir des renseignements, ce que je déteste faire... »
— Anonyme, parlant de la recherche d’information.

Des besoins et des liens

Pour les entretiens que j’ai pu menés en présentiel et en vidéoconférence, j’ai tenté de prendre note le plus fidèlement possible de tout ce qui se disait.

Afin d'identifier tous les besoins qui sont ressortis explicitement ou implicitement de mes interviews, je les ai d’abord analysé une par une. Pour y voir plus clair parmi toutes ces problématiques, je les ai mises sur papier en ajoutant un « compteur » à celles qui se répétaient une, deux ou même sept fois sur neuf.

Difficulté à aborder le sujet avec les proches
7
Peur d’aller voir un(e) professionnelle
5
Être écouté, compris, soutenu et pouvoir dialoguer
7
Difficulté pour la famille de comprendre et de réagir
7
Ne pas savoir vers qui se tourner
4
Informations incomplètes sur internet ou pas assez vulgarisées
5
Sentiment d’illégitimité, peur du jugement et de l’incompréhension
7
Difficulté financière pour consulter
6
Peur de téléphoner pour des renseignements
4

Schématiser pour mieux voir

Je me suis arrêtée là pour établir mes hypothèses mais je me suis alors emmêlé les pinceaux et je ne savais pas vers quoi partir. Je ne me voyais pas me concentrer sur une seule et unique problématique alors qu’il y a plein de liens entre elles. Me sentant encore dans le flou et trop éparpillée dans mes idées, j’ai décidé de schématiser ces liens sur papier.

Grâce à ce schéma, je me rapproche de mon hypothèse et je peux donc considérer que tout mène à une même problématique: le besoin d’écoute, de soutien, de compréhension, de dialogue et d’aide… Chose à rendre accessible en « résolvant » les problèmes qui entravent l’accès à ce besoin.

3 besoins fondamentaux

Pour moi, il y aurait alors 3 difficultés principales dont découlent d’autres à traiter en même temps :

Difficulté pour la famille de comprendre
Il est compliqué pour la famille de comprendre, accepter, être disponible, réagir, et ne pas minimiser les soucis (de ce fait il également difficile de parler à ses proches).
Sentiment d’illégitimité
Les étudiants se sentent illégitimes et ont peur du jugement, de l’incompréhension, d’être un fardeau, d’être rejeté ou de déranger, plomber l’ambiance … (donc également compliqué de parler à ses proches et d’aller voir un(e) professionnel(le)).
Informations difficilement trouvables
Les informations sur internet sont dispersées, incomplètes ou pas assez vulgarisées (c’est alors difficile d’aller voir un(e) professionnel(le)).

Des potentielles solutions

Avant d’avoir pu faire des liens et les schématiser pour mieux m’y retrouver, j’avais donc pensé à différentes solutions possibles.

  • Possibilité de discuter en anonyme
  • Possibilité de discuter avec d’autres étudiants traversant également des soucis de santé mentale
  • Possibilité de discuter ou d’être suivi par un(e) étudiant(e) de master en Psychologie
  • Appli qui permet de tchater anonymement ou d’appeler anonymement des bénévoles (formés)
  • Site de sensibilisation pour les proches de personnes qui ont des soucis de santé mentale
  • Site recensant un maximum d'informations liées à la santé mentale
  • Site de sensibilisation sur la santé mentale (axé sur la légitimité d’en parler)

Après avoir identifié grâce à mon schéma les 3 besoins vraiment principaux dont découlent les autres, j’ai alors pu identifier les hypothèses les plus pertinentes.

Par conséquent, je pense que mes solutions hypothétiques de site de sensibilisation pour les proches, de site recensant un maximum d'informations et de site de sensibilisation sur la santé mentale et la légitimité à en parler restent les réponses les plus appropriées aux principaux besoins que j’ai identifiés.

2 chemins possibles

Soit partir sur un site avec une première page de sensibilisation pour les proches avec en fin de page un lien vers une autre (ou plusieurs) recensant un maximum d'informations sur la santé mentale.

Soit partir sur un site avec une première page de sensibilisation sur la santé mentale et la légitimité à en parler avec en fin de page un lien vers une autre recensant un maximum d'informations sur la santé mentale.

Je pense donc au final partir sur un site avec une page de sensibilisation sur la santé mentale et la légitimité à en parler et une autre page recensant un maximum d'informations sur la santé mentale.

Incertitudes...

Je ne sais pas encore exactement de quelle manière je pourrais sensibiliser les jeunes et les aider à se sentir plus légitime et ne pas avoir honte de parler de leurs problèmes, petits ou grands… Cela pourrait se faire sous forme d’une histoire, d’une expérience interactive, d’un jeu ou un parcours. J’ai également pensé à la possibilité d’une page proposant différents modules, différentes activités à faire.

Ce point serait à éclaircir l’an prochain en échangeant avec un(e) psychologue sur la sensibilisation et sur base de différentes futures ébauches d’histoires, jeux ou parcours.

Et certitudes

En ce qui concerne la partie informative de mon site, cela est déjà bien plus clair dans mon esprit. J’imagine une page d’information vraiment simple et intuitive dans laquelle on retrouverait différents types d’informations :

  • les différents troubles mentaux et leurs manifestations ;
  • les différents professionnels et leurs rôles ;
  • les différents types de thérapie ;
  • les coûts et remboursements possibles des consultations ;
  • les différents services de santé mentale, les psychologues, les psychiatres et les aides disponibles dans les écoles en Wallonie.

Le tout pourrait d’abord être la page de sensibilisation avec à la fin un lien vers l’autre page plus informative ou cela pourrait être présenté d’abord dans une page d’accueil divisée en 2 avec la possibilité d’aller soit vers la sensibilisation soit vers les informations… à voir l’an prochain en fonction de la suite de mes recherches.

Des fonctionnalités

Je n’ai pas encore une idée sûre des modules que je développerai pour l'entièreté de mon projet mais je peux déjà entrevoir ceux qui seraient pertinents pour la partie informative.

La présentation orale

Je vais probablement préparer ma présentation orale du TFA en étant aussi peu à l'aise que je l'ai été quand il s'agissait de chercher des personnes à interviewer pour le projet. Mais puisque ces interviews se sont bien déroulées, je devrais pouvoir faire de même pour cette intervention.

Des étudiants en difficulté

Dans ma présentation, j'aimerais vraiment mettre en avant les problèmes que j'ai pu identifier au travers mes rencontres avec des étudiant(e)s ou ancien(ne)s étudiant(e)s, peut-être mettre en avant des phrases clés ou un extrait en particulier d'un témoignage.

Un schéma clé

Un gros point d'attention devra également être mis sur mon schéma de liens entre les besoins, sa compréhension me paraît indispensable pour saisir le cheminement que j’ai fait vers mes hypothèses. De plus, ce schéma, ou juste en général le fait de réfléchir et visualiser sur papier mes pensées, m’a beaucoup débloqué au cours de ce projet.

« Je trouve ça difficile d’avoir un avis objectif sur un(e) psychologue et de savoir vers qui se tourner en cas de problème de santé mentale. »
— Anonyme.
« Je ne savais pas quoi chercher, par où commencer, où trouver de l’aide ou des infos... et surtout je ne savais pas si mon état était grave ou pas du tout. »
— Anonyme.
« Je n’ai pas contacté le service psychologique de mon école car j’avais peur d’exagérer et de ne pas être légitime d’aller voir un(e) psy. »
— Anonyme.
« Le plus compliqué pour moi a été de trouver un(e) psy qui me correspondait, la première psy que j'ai consultée avait une facon de travailler qui ne me correspondait pas, celle que je consulte maintenant au contraire m'aide énormément. »
— Anonyme.
« J’avais honte, je me sentais illégitime. C’était difficile d’en parler à mes proches car y a pas de bon moment pour parler de ça. Puis, on sait jamais comment les autres vont réagir... »
— Anonyme.

Une cause qui me touche

En choisissant ce sujet de TFA, je ne prétendais pas apporter une solution directe aux problèmes psychologiques que peuvent rencontrer les étudiant(e)s mais je voulais mettre le doigt sur quelque chose qui manquerait peut-être ici en Wallonie pour aider les étudiants et faciliter leur chemin jusqu’aux aides existantes.

Cela a été le cas. Je suis convaincue qu’il manque des outils ou des expériences pour permettre aux jeunes de se sentir légitime de parler de santé mentale. Et surtout, d’après mes interviews mais également mes recherches sur internet, il n’existe pas encore de site complet qui centralise tous les différents types d’information à ce sujet.

« Ces derniers temps j’ai vraiment de plus en plus de mal socialement. C’est de pire en pire [...] Si j’avais pu avoir accès à un suivi correct pendant mes études, je pense que cela n’aurait pas autant d’impact sur ma vie maintenant. »
— Anonyme.

Bien sûr, j'ai choisi ce thème de la santé mentale car il m’a touché personnellement par le passé. Il se peut que ma recherche ait été biaisée, je ne sais pas mais j'ai fait au mieux pour analyser les besoins de mes utilisateurs avec du recul. Cela me tenait tout de même à cœur de travailler sur ce projet et pouvoir peut-être mettre en place pour le TFE — ou à l'avenir, qui sait — une interface qui faciliterait réellement le chemin vers de l'aide.

À suivre...